Rock en Seine 2016

Jamais deux sans trois, c'est bien connu. Après un Primavera Sound en demi-teinte mais tout de même illuminé par la présence de PJ Harvey, puis un Cruïlla détendu et festif à souhait, marqué principalement par le génial concert de Robert Plant, retour au Domaine national de Saint-Cloud pour le rendez-vous annuel de la fin-août ! Alors que l'édition 2015 m'avait paru un peu fade, le Rock en Seine de cette année s'est bien rattrapé. Entre légendes du rock et jolies découvertes, l'édition 2016 a plutôt bien tenu ses promesses... C'est parti pour le résumé !



Jour 1 : Des brumisateurs à l'exode des lapins

L'affiche étant plus motivante que l'année dernière, j'ai traîné la petite troupe quasiment à l'ouverture des portes ! On est arrivé au domaine de Saint-Cloud sous un soleil de plomb et au milieu d'une sécurité archi-renforcée. Entre canicule et plan Vigipirate en alerte maximum, c'était pas gagné niveau ambiance... Mais on est finalement passé assez rapidement, vu qu'il n'y avait pas encore grand-monde. Surprise à la fouille des sacs : c'est la première fois qu'on ne me confisque pas le bouchon de ma bouteille ! J'imagine qu'avec la canicule, ils ont dû flipper que les postes de secours soient débordés par des malaises divers et variés (notez bien la mention aux postes de secours, j'y reviendrai...). Tellement flippés qu'ils avaient même installé des brumisateurs géants... ce qui s'est avéré être une excellente initiative !...


Vu que finalement, on était bien trop en avance, on s'est baladé tranquillement, histoire de se "réapproprier" le terrain. Avec les questions essentielles propres à un festival, mais différentes selon les intérêts et priorités de chacun-e : où sont les toilettes les moins prises d'assaut ? Comment sont les t-shirts du festival, cette année ? Est-ce qu'il est toujours là, le stand avec les sandwiches raclette ?... Eh oui, la fine gastronomie fait partie des petits plaisirs incontournables des festivals. Surtout que l'air de rien, le sandwich raclette, c'est vachement plus difficile à trouver dans les festivals de Barcelone... et ça manque !

Jamais deux sans trois

Autour de nous, ambiance assez détendue. Je soupçonne la chaleur d'avoir quelque peu ramolli les esprits, cela dit. Même les bobos d'habitude assez prompts à se faire remarquer semblaient un peu accablés et cherchaient plutôt à se réfugier à l'ombre. Car oui, c'est bien là le grand avantage de Rock en Seine par rapport au Primavera Sound, par exemple : il y a des arbres ! Bon, y'a pas la mer mais on peut pas tout avoir non plus.

Mi hermano... de relax!

Après la première reconnaissance de terrain, direction l'expo Rock'art, que je n'étais même pas allée voir l'année dernière, alors que je trouve cette idée super ! Je crois que j'étais vraiment pas motivée l'année dernière, en fait... J'ai donc découvert avec plaisir les illustrations de cette année, dont vous verrez quelques échantillons ci-dessous.

Slaves by Eric Boisseau
Puis, les choses sérieuses ont commencé... D'habitude, les premiers dilemmes arrivent une fois le festival bien entamé. Là, c'était d'entrée de jeu : Bombino ou Theo Lawrence ?... Rien à voir, niveau style. Je n'avais vu aucun des deux. Bon, finalement, comme on a ajouté de nouvelles recrues à la troupe de base, et la majorité penchant plus vers Bombino, c'est vers la Grande Scène qu'on s'est dirigé. Eh ben, c'était franchement sympa, Bombino ! Alors évidemment, vu qu'il est touareg, qu'il joue de la guitare électrique et qu'on comprend rien à ce qu'il chante, les comparaisons avec Tinariwen vont bon train. Elles sont pas totalement infondées, ces comparaisons, d'ailleurs. Tinariwen, je les ai vus deux-trois fois en concert (la dernière il y a deux ans au Cruïlla) et oui, musicalement, c'est pas diamétralement opposé, en effet. Cela dit, j'ai trouvé Bombino plus "rock".


On s'est rapatrié vers la scène de l'Industrie dans l'espoir d'entendre au moins la fin de Theo Lawrence mais on est arrivé trop tard. A la place, et dans un tout autre style, on a pu entendre Logic, mais le rap ne faisant pas l'unanimité dans le groupe, on n'est pas resté. Dommage, ça avait l'air pas mal, dans le style.
Chvrches by Cliff Chiang
Retour sur la Grande Scène pour voir Caravan Palace. J'avais bien aimé le premier concert que j'avais vu, déjà à Rock en Seine d'ailleurs. Puis je les ai revus l'année dernière au Cruïlla. C'était rigolo mais sans plus. Là, j'avoue que j'ai trouvé ça franchement répétitif. C'est sympa, hein, je peux pas dire le contraire. La musique est punchy, ils ont une bonne énergie sur scène. Mais l'effet nouveauté (relatif) étant un peu passé, ça donne vaguement l'impression d'assister au même numéro encore et encore. Bon, en sachant que ça pourrait être un numéro totalement lamentable mais que ça ne l'est pas, hein ! Je precise parce qu'après, on va encore dire que je suis trop critique mais c'est pas d'ma faute : j'ai beau avoir déserté le territoire, je suis Française et j'ai bien peur d'avoir conservé quand même quelques stéréotypes nationaux !

Aurora by Rebecka Tollens
Une petite pause s'en est suivie, ce qui nous a permis d'écouter la fin du concert d'Adrien Soleiman. A priori, pas trop mon style mais je ne vais pas m'attarder parce que très franchement, j'en ai trop peu entendu pour pouvoir en penser quoi que ce soit.


Ce qui nous amène donc directement et sans transition au concert suivant. Comme chaque année, Rock en Seine sélectionne quelques groupes peu connus, voire carrément inconnus, mais prometteurs. J'aime beaucoup ce genre d'initiatives, ça permet souvent de faire des jolies découvertes. Et ça a été le cas avec Einleit. J'y avais jeté une oreille avant le festival et j'avais trouvé que ça avait l'air sympa. Ça s'est confirmé ! Comme quoi, il faut vraiment éviter d'attacher trop d'importance aux étiquettes parce que j'avais lu un truc du style "la révélation synth-pop française", ce qui m'avait rendue un peu méfiante. On la colle sur tout et n'importe quoi, cette étiquette "synth-pop", maintenant. Et, j'ai l'impression, surtout sur ce qu'on sait pas définir, justement. Bah, en tout cas, je sais pas si c'est de la synth-pop ou pas mais c'était plutôt chouette, Einleit, et j'ai bien aimé l'ambiance un peu onirique, avec des claviers planants, contrastés par des rythmiques syncopées. Au début, j'étais pas très convaincue par la voix du chanteur, souvent un peu trop haut perchée à mon goût. Evidemment, quand on sait que j'ai une nette préfèrence pour les voix masculines à la Mark Lanegan ou à la Dave Gahan, c'était pas gagné d'avance. Mais je me suis habituée et je dois reconnaître que le timbre aigu du chanteur collait plutôt bien à la musique, en fait. On l'imaginerait mal chanter du Nine Inch Nails, ça, c'est sûr. Mais c'est pas grave, il a trouvé sa voie (désolée, pas pu m'en empêcher !).


Retour à la scène de l'Industrie et changement de style avec The Brian Jonestown Massacre, que j'avais envie de voir depuis un bon bout de temps déjà, envie que je n'avais jamais réussi à concrétiser. Je commence pourtant à avoir une jolie liste de grands noms (et de moins grands) vus en live. Mais je ne sais pas pourquoi, il y a toujours des artistes qui nous échappent, sans qu'on sache trop pourquoi, en réalité. Manque de temps, manque d'argent, manque de réactivité,... Peut-être un mélange de tout ça. Je peux désormais enlever BJM de cette liste ! En tout cas, le concert était vraiment pas mal. Peut-être pas aussi bien que ce que j'avais imaginé. Ça manquait un poil d'énergie sur scène mais Anton Newcombe n'a pas failli à sa réputation et dans l'ensemble, j'ai plutôt passé un bon moment. J'ai hésité à retourner à les voir, car ils passaient début septembre à Barcelone mais... manque de temps, manque d'argent, manque de réactivité ? Bref... On peut pas être partout, sur tous les fronts, à tous les concerts - hélas...

The Brian Jonestown Massacre

Après une bonne grande pause, on s'est rendu sur la scène Pression Live pour voir Royal Republic. La comparaison avec les Hives est facile. D'abord, parce qu'ils sont Suédois, eux aussi. Donc voilà, hein, forcément. Mais aussi (et surtout) parce qu'ils donnent également dans un bon rock bien franc, sans autre objectif que de partager une énergie brute de décoffrage. Et c'est efficace ! Fort de cette réjouissante énergie déployée sur scène, le groupe est aussi doté d'une arme imparable : un chanteur charismatique, qui ne lésine pas sur la communication bon enfant avec le public, petites blagues à l'appui, celle m'ayant fait le plus rire étant évidemment la plaisanterie sur le caratère des Français, ponctuée par un impertinent "But we know that deep down inside, you're nice." Au-delà du son rock fiévreux, j'ai été vraiment impressionnée par l'osmose entre les membres du groupe. Si le chanteur est charismatique, les autres musiciens ne sont pas en reste. Les chansons se sont enchaînées sans temps mort et ils ont vraiment maintenu cette énergie rigolarde jusqu'au bout. Sans doute le concert que j'ai préféré lors de cette première journée !

The Last Shadow Puppets by Rafael Albuquerque

Forcément, après ça, c'était un peu dur pour The Last Shadow Puppets de faire aussi bien. Je les ai vus au Primavera Sound quelques mois avant et honnêtement, j'avais été plutôt agréablement surprise. Alors que musicalement, je préfère pourtant Artic Monkeys, j'ai toujours été un peu déçue par leurs concerts. Je ne sais pas si je n'ai pas eu de chance. Je sais que la réputation d'Alex Turner n'est plus à prouver. Mais je me suis toujours un peu emmerdée pendant les concerts d'Artic Monkeys. En comparaison, The Last Shadow Puppets avaient plutôt bien assuré au Primavera Sound et j'avais pu apprécier l'osmose entre Turner et Miles Kane. Peut-être qu'à peine quelques mois plus tard, ça m'a semblé un peu répétitif. Ou peut-être que je ne suis simplement pas assez passionnée par leur musique.
Flavien Berger by Aleksi Cavaillez

Du coup, on est retourné sur la scène Pression Live pour voir Flavien Berger, qui avait l'air assez curieux. Alors, "curieux", c'est un euphémisme total. Je ne sais toujours pas quoi penser exactement de ce concert. D'ailleurs, les réactions au sein de notre petit groupe ont été pour le moins diverses. Ça en a fait fuir certains, rire d'autres, et d'autres encore sont tombés dans une espèce d'absence comateuse qui en disait long sur leur réceptivité. On s'est bien amusé sur les théories pour cerner le personnage, cela dit. Les plus conventionnelles étant que le gars était totalement drogué à la coke ou que c'était simplement un personnage perché inventé de toute pièce pour faire parler. Mon frère et moi nous sommes aventurés un cran plus loin avec, respectivement, la théorie qu'il s'agissait d'un mec venu d'un univers parallèle fait de transitions (il est très, très fort pour les transitions, Flavien Berger, il faut le reconnaître), et la théorie qu'on était en réalité face à un extraterrestre schizophrène adepte de l'exode des lapins. Non, cette dernière anecdote n'est pas un délire de ma part, mais bien une des transitions habilement utilisées par Flavien Berger entre deux chansons. En tout cas, si la musique ne m'a pas totalement convaincue, je l'ai trouvé franchement très drôle et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il est effectivement atypique (un autre euphémisme !)... ce que je trouve plutôt rafraîchissant, en fin de compte !



Jour 2 : Du caviar spécial pour une attaque pas si massive

De nouveau sur place quasiment à l'ouverture des portes, on est entré tranquillement. Ce qui n'a apparemment pas été le cas de celles et ceux arrivé-e-s plus tard. Il faut dire aussi qu'on avait trouvé à se loger à cinq minutes à pied du domaine de Saint-Cloud, ce qui en plus d'éviter de se coltiner 30 minutes d'attente avant de pouvoir monter dans un métro à la sortie du festival, permet aussi de s'y rendre tôt, en toute tranquillité et de passer les contrôles de sécurité comme une lettre à la poste (ou presque).


Direction la scène de l'Industrie, où on est encore arrivé trop tôt. Mais bon, vu que c'était la journée la plus chaude du weekend, on s'est posé à l'ombre en attendant le début du concert et histoire d'éviter de se transformer en jambons braisés.


C'est donc Kaviar Special qui a ouvert le bal, un petit groupe rennais super sympa. Un rock assez efficace et euphorisant, je dois dire. J'ai bien aimé aussi le fait que trois musiciens se relaient au micro. Et ils ont tous une énergie assez communicative. Une autre jolie découverte !

Deux écoles s'affrontent : tongues Vs. chaussures de rando
C'était ensuite le tour de Wolfmother. Je crois que je les avais déjà vus quelque part mais honnêtement, je ne m'en souvenais pas très bien. En tout cas, c'était pas mal. Je ne peux pas dire que ça m'ait franchement passionnée. Je ne saurais trop expliquer pourquoi, d'ailleurs. Il y avait parfois un petit côté Queens Of The Stone Age qui, forcément, n'était pas pour me déplaire. Et ça ne m'a pas déplu, en effet. C'est juste que j'ai eu l'impression de rester un peu en surface, comme si c'était un poil trop lisse ou trop attendu.

Edward Sharpe & The Magnetic Zeros by Wes Craig
Changement de style pour aller jeter une oreille au duo new yorkais de Beau. Pour info, c'est un duo féminin. Oui, c'est curieux de s'appeler "Beau" quand on est un duo féminin, je sais bien, mais ce n'est plus à prouver : les Américains adorent utiliser des mots français... mais il les utilisent presque systématiquement comme des quiches. Bref, j'avais écouté Beau vite fait (quand même, utilisé dans une phrase en français, c'est vraiment chelou ce nom de groupe !) avant Rock en Seine et j'avais trouvé ça pas mal. Un peu facile, peut-être, mais j'avais bien aimé la voix de la chanteuse. Bah, j'ai été plutôt déçue par la performance live. C'est un peu mollasson et très "fifille", même si ça me peine un peu de devoir l'admettre...


Retour à la scène de l'Industrie pour (re)voir Grand Blanc, une de mes belles découvertes des Solidays de l'année dernière. J'avais vraiment trouvé ça chouette l'année dernière. Je les ai trouvés encore mieux cette année à Rock en Seine ! J'ai eu la sensation qu'ils ont déjà gagné en maturité et en confiance sur scène. Belle osmose dans le groupe, notamment entre les deux chanteurs, et belle osmose avec le public. Le chanteur nous a lancés en conclusion du concert un "N'oubliez pas d'être débiles et heureux, s'il vous plaît" qui m'a fait rire, notamment parce que ça créait un assez chouette contraste avec leur musique un tant soit peu dépressive. Le set dans son ensemble m'a paru également plus varié, peut-être parce qu'ils ont sorti un album entre-temps. Ça doit aider, l'air de rien. En tout cas, j'accroche vraiment bien à leur pop noire, à la fois froide et dynamique, élégante et hypnotisante. Et c'est peut-être parce que je ne vis plus en France, mais j'apprécie énormément qu'ils chantent... en français ! C'est devenu tellement normal pour tous les groupes de pop-rock français de chanter en anglais (et en plus, souvent dans un anglais approximatif) que je trouve ça rafraîchissant et salutaire que certains s'attèlent encore à la tâche ardue de faire sonner la langue de Molière (un autre magnifique exemple récent, également découvert aux Solidays l'année dernière, restant Feu ! Chatterton). Bref, un très, très joli concert pour Grand Blanc, que j'espère vraiment pouvoir revoir bientôt. Après tout, si Jeanne Added est venue à Barcelone après son passage à Rock en Seine l'année dernière, pourquoi pas eux aussi ?

Ambiance pendant le concert de Grand Blanc
Après cette proposition récente, moderne et tout et tout, on est passé directement à du bon vieux old school avec, excusez du peu... L7 ! Alors ouais, je vais pas mentir : tous ces groupes "de filles" ont un peu bercé mon adolescence et je me suis toujours sentie vaguement frustrée de pas pouvoir les voir en concert. Soit j'étais trop jeune, soit les groupes se sont séparés, soit... Enfin, y'avait toujours quelque chose ! Et puis, l'année dernière, j'ai vu Sleater-Kinney et Babes In Toyland au Primavera Sound. Ça m'a permis de surmonter cette vieille frustration adolescente ! Alors quand j'ai vu L7 apparaître au programme de Rock en Seine, je vous laisse imaginer ma jubilation ! Et je vais pas mentir : ce concert était profondément réjouissant ! J'ai quand même entendu une remarque qui m'a passablement énervée sur le fait que ça faisait un peu "mamies du rock, quand même". Oui, bah, effectivement, elles ont plus 20 ans et elles sont pas anorexiques, ça se voit. En revanche, les musiciens d'une cinquantaine d'année ne sont jamais traités de "papies", eux... Imaginez, pourtant... Hey, Trent Reznor, espèce de papy du rock industriel, va ! Dave Gahan, vieux shnock, on voit bien que t'as du mal à te déhancher maintenant, à quand la maison de retraite ?! Non ?... Bon, moi, en tout cas, j'ai franchement kiffé de voir L7 en concert et j'ai trouvé qu'en plus d'avoir une pêche incroyable, elles prenaient les choses avec beaucoup d'humour, justement. Une des musiciennes a demandé qui parmi le public avaient déjà vu L7 en concert. Devant le peu de mains levées, elle s'est adressée aux autres : "Be honest... Did your parents make you come?!"

Sigur Rós by Eté 1981
Après ce concert, forcément c'était pas facile pour les suivants d'enchaîner... Pas de bol pour eux, c'était encore Sigur Rós ! Ils m'avaient déjà moyennement convaincue au Primavera Sound après PJ Harvey. Là, ils m'ont franchement fait chier. Passons donc aux suivants !

Massive Attack by Brian Wood
Massive Attack... Hmm, alors pas facile, celui-là... Je ne les avais vus qu'une fois en live, déjà à Rock à Seine d'ailleurs. A l'époque, je m'attendais à un truc chian-chiant (un peu à la Sigur Rós, quoi !). J'aime bien leur musique mais c'est tellement planant que j'avais du mal à imaginer ce que ça pouvait rendre en concert. Eh ben, ils m'avaient totalement bluffée. J'avais trouvé le concert dynamique et planant tout à la fois, un équilibre pas évident à atteindre, tout de même ! La magie ne s'est pas tout à fait reproduite cette année... Déjà, j'ai trouvé la mise en scène extrêmement prétentieuse. L'écran qui passe des messages prétendument intellos, ça va 5 minutes... Pourtant, ils avaient fait l'effort de les traduire en français, c'était plutôt sympa, même si ça sentait un peu le Google Translate par moments mais bon, l'effort était à saluer. Mais franchement, c'est devenu assez vite lassant. Je me suis même demandé à un moment si c'était pas fait pour détourner l'attention du public, histoire qu'on se rende pas compte qu'il ne se passait rien sur scène ! Le son n'était pas terrible terrible non plus. J'étais contente d'entendre les chansons mythiques du groupe mais c'est vrai que le concert m'a laissé une impression mitigée.



Jour 3 : Des pilules pour le blues aux pêches hallucinogènes

Le désert
Le troisième jour est toujours le plus rude à Rock à Seine, non seulement parce qu'on a déjà deux jours dans les pattes, mais parce qu'en plus, ça commence encore plus tôt ! Moi qui ai l'habitude des horaires de festivals espagnols, j'ai un peu de mal maintenant... Quelle idée de faire débuter un concert à 14h30, non mais franchement ?! C'est bien parce que je voulais absolument voir le premier concert programmé que je suis arrivée aussi tôt !...
La boisson obligatoire du troisième jour : le café
Il s'agissait de Blues Pills, improbable groupe américano-franco-suédois de blues/rock/hard rock psychédélique... Magnifique ! Je me suis pris une claque ! Sans aucun doute un des concerts que j'ai préférés lors de cette édition 2016. D'excellents musiciens, alternant entre blues et hard rock avec une facilité déconcertante et une chanteuse hallucinante. On la voit débarquer, toute frêle, toute blonde. Evidemment, c'est elle la Suédoise, alors on a tous en tête les voix de femmes-enfants d'une Lykke Li, de la chanteuse de The Do et autres petites fées venues du Nord. Ouais, sauf que la frêle blonde de Blues Pills, quand elle ouvre la bouche, elle cloud tout le monde sur place avec sa voix profonde, chaude et d'une puissance incroyable. En plus, elle a une énergie folle sur scène donc l'image de la petite fée frêle s'envole rapidement ! D'ailleurs, j'ai tellement adoré ce concert que je retourne les voir la semaine prochaine à Barcelone... en duo avec Kadavar ! Ça va envoyer...

Blues Pills
Deuxième concert de la journée pour nous (et pour beaucoup de gens, visiblement), c'était Editors. Je dois dire que la musique ne me passionne pas, à la base. C'est pas mal mais c'est un peu gentillet, quoi. Bon, bah, le concert était un peu pareil. Pas désagréable. Mais pas transcendant.

Editors by Sam Taylor
Du coup, on s'est rapatrié sur la scène de la Casacade pour voir Gregory Porter. Qu'on n'a pas vu, en fait, parce qu'il y avait beaucoup trop de monde ! Mais on a écouté et c'était vraiment très bien ! Une voix jazz chaude et élégante, tout à fait recommandable.

Gregory Porter by Zeina Abirached
Rock en Seine aime parfois bien donner dans la nostalgie adolescente... Si ma nostalgie adolescente à moi porte plutôt les noms des Smashing Pumpkins, Nirvana, Hole, Babes in Toyland, L7, etc, il n'est pas inconcevable que pour d'autres, elle porte les noms de Green Day, Offspring, Blink 182,... Les goûts et les couleurs... Je crois que, dans le genre, il ne restait à Rock en Seine plus que Sum 41 à inviter. C'est désormais chose faite. A part constater que ces mecs ont l'air de ne pas vieillir, je n'ai pas tiré grand-chose d'autre de ce concert. Voilà, merci bien, on repassera (ou pas, d'ailleurs).

Hommage à un groupe qu'on aimerait bien revoir à Rock en Seine, pour le coup : Black Rebel Motorcycle Club
Cela dit, c'est aussi à ce moment-là que j'ai fini au poste de secours le plus proche... Vous vous souvenez de l'allusion en début de post ? Bah voilà, l'explication, c'est maintenant. Alors, quand même, je tiens à préciser que ça fait presque 15 ans que je vais à des festivals (et plusieurs par an, s'il vous plaît). Il ne m'est jamais rien arrivé. Jamais ! Cette fois-ci, on s'était préparé à tout : une attaque terroriste, une insolation, un malaise à cause de la chaleur ou de la déshydration,...  Rien de tout ça, messieurs-dames ! J'aimerais tellement vous dire que ça a été causé par un pogo un peu trop virulent dont je serais sortie vivante in extremis... Mais non... La première fois que je me rends au poste de secours d'un festival, il faut évidemment que ça soit pour... une piqûre de guêpe... Tellement pas rock'n'roll ! Ceci étant dit, je peux désormais témoigner que le personnel de la Croix Rouge est super efficace et sympa. C'est bon à savoir, on n'est jamais à l'abri de la brutalité animale en milieu sauvage...


Retour express sur la scène de la Cascade pour profiter de ce qui restait de Ghinzu. J'en gardais un souvenir mitigé. J'avoue que cette fois, je les ai trouvés excellents ! Ça roulait bien, le chanteur était en forme... Un bon son rock pour un retour en force (le leur, pas le mien. J'étais pas si mal que ça, quand même!) !

Siblings' selfie
On n'est pas resté jusqu'au bout, évidemment, puisqu'on ne voulait pas rater une miette d'Iggy Pop ! Bon, on va pas donner dans le suspens inutile : il a été grandiose ! Et c'est rare de voir un concert qui rassemble autant de personnes différentes, et autant de générations. Je l'avais déjà vu pour Patti Smith et Robert Plant, bien sûr. Mais ce brassage m'a paru encore plus marqué dans le cas d'Iggy Pop. Après, je dois reconnaître que je l'ai vu au Cruïlla il y a trois ou quatre ans et que j'ai préféré son concert barcelonais à celui de cette année à Rock en Seine. La motié de la setlist faisait office de best of des Stooges et était, je dois dire, très, très réjouissante ! La seconde moitié de la setlist a plutôt puisé dans le dernier album, ce qui a nettement moins parlé au public. Cela dit, j'ai trouvé ça pas mal, comme choix. C'est forcément un peu difficile de ne pas jouer les grands classiques que tout le monde attend. Mais j'aime bien une certaine prise de risques, quand les artistes ne font pas uniquement ce que tout le monde attend d'eux. C'est vrai que musicalement, pour ma part, je n'accroche pas autant au dernier album donc cette deuxième partie du concert m'a parue un peu plus longuette. Après, c'est Iggy Pop... C'est un vrai spectacle et une telle satisfaction en soi de voir le bonhomme sur scène !

Du haut ce cette statue, 14 ans de Rock en Seine vous contemplent
Enfin, le dernier concert de cette édition 2016 a été une grosse, grosse claque pour moi... Je l'avais déjà vue mais il y a longtemps et j'en gardais un souvenir un peu confus. Du coup, je ne voulais absolument pas la rater cette fois ! Je parle bien évidemment de l'inénarrable Peaches (le choix de la vidéo n'est absolument pas innocent !), qui fascine tout autant qu'elle irrite ! On entend souvent les gens dire "alors, ça, soit tu adores, soit tu détestes, mais ça laisse pas indifférent !" Je ne suis pas toujours d'accord avec ce jugement de valeur mais j'ai l'impression qu'il s'applique parfaitement à Peaches, pour le coup. Si on est réceptif, c'est assez jouissif. En cas contraire, ça doit paraître simplement vulgaire et agressif. Ça l'est, d'ailleurs, même si on aime ! Peaches, c'est la trashitude féministe, hypersexuelle, vulgaire, bien assumée et qui cherche pas du tout à faire dans la subtilité ! Je soupçonne vaguement que ça soit une des raisons pour lesquelles les critiques sont si virulentes, d'ailleurs. C'est quand même pas très "féminin", tout ça... Moi, j'avoue que j'adore ! Je suis désolée d'en revenir encore à ça, mais ça change un peu dans le paysage musical, ça apporte un peu de diversité et c'est vachement rafraîchissant, l'air de rien. Et je ne comprends toujours pas pourquoi les hommes peuvent se permettre de chanter tous les contenus sexuels qu'ils veulent (y compris quand ça frise la "rape culture", ça n'a l'air de déranger personne), alors que quand une femme se permet de prononcer le mot "dick" dans une chanson, y'a une levée de boucliers, floppée d'insultes à l'appui. Bah, au moins, Peaches a le mérite de se rebeller un peu contre ça et elle a un sacré sens de l'humour, bien acide, qui me fait beaucoup rire. Son concert à Rock en Seine a été franchement énorme et j'ai trouvé ça génial de pouvoir clore l'édition 2016 avec elle ! Elle passe à Barcelone début-décembre, je pense que je ne vais pas résister au plaisir de renouveler l'expérience...

Peaches sur scène
Voilà, le résumé de Rock en Seine 2016, c'est fini... Je me répète, mais cette édition m'a beaucoup plus convaincue que celle de l'année dernière. J'y ai fait de très belles découvertes, que j'espère revoir à l'occasion. Peut-être à cause de la chaleur, l'ambiance était relativement détendue, ce qui était bien agréable. Et maintenant, j'attends avec impatience la saison festivalière 2017 et son nouveau lot de surprises. A l'année prochaine, Rock en Seine !


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